mardi 18 septembre 2012

La faim justifie les moyen$ ?


Que se passe-t-il réellement à l’intérieur de l’appartement de Martha Beatriz Roque, dissidente cubaine qui dit avoir débuté une grève de la faim depuis le 10 septembre pour demander la libération d’un autre dissident ? La question se pose tant les témoignages sont contradictoires. Alors que des informations indiquaient qu’elle avait fait un arrêt cardiaque (elle aurait été sauvée par son infirmière…), les médecins cubains lui ayant rendu visite nient que son état de santé soit critique.
Martha Beatriz Roque (67 ans), dissidente cubaine qui revendique ses liens avec les États-Unis, est en grève de la faim depuis le 10 septembre a annoncé son entourage. Motif : une demande de libération d’un autre dissident, Jorge Vázquez Chaviano.
La nouvelle a rapidement fait le tour des médias cubano-américains de Miami. Sur l’île, bien évidemment, il n'a pas fallu longtemps pour que Yoani Sánchez, blogueuse dissidente tirant ses revenus de ses collaborations avec des médias aux États-Unis et en Espagne, lui rende visite. « Sur le lit, il y a une femme maigre jusqu'aux os, avec les mains excessivement froides et la voix à peine audible » rapporte-t-elle. 

Les médecins contestent un état critique
Mais ce qui sème réellement le trouble c’est le témoignage des médecins qui l’ont rencontrée après la publication de nouvelles alarmantes. Le Docteur Anabel Cárdenas qui lui a rendu visite le jeudi 13 septembre, soit 3 jours après le lancement de l’action, témoigne d’un tout autre état : « elle nous a parlé avec beaucoup de force » et serait apparue sans « signe de faiblesse ». Les médecins indiquent que la femme se levait, se couchait et discutait avec d’autres dissidents présents chez elle, également en grève de la faim.
Surnommée la Dame de fer aux États-Unis, mais très peu représentative à Cuba, Martha Beatriz Roque est régulièrement en contact avec les diplomates américains présents à La Havane à la Section des Intérêts Nord-Américains (SINA). D’ailleurs, 5 jours avant le déclenchement de la grève de la faim, elle avait déjeuné avec John Patrick Caufield, chef de la SINA. Difficile de croire que le recours à la grève de la faim n’ait pas été évoqué.

M. B. Roque a rencontré le chef de la SINA 5 jours avant le début de sa grève de la faim (photo S.M.)



Une admiratrice de George W. Bush
La dissidente a participé en 2004 à un vote symbolique à la SINA lors de la présidentielle américaine. Bush fils a eu la chance d'obtenir son suffrage... (DR)


Martha Beatriz Roque n’a jamais caché sa sympathie pour les administrations américaines, et notamment George Bush fils. « Je voudrais vous féliciter pour votre travail contre le terrorisme international durant toutes ces années et vous assurer que, même si certains ne sont pas d’accord (...),  que l’Histoire vous portera sur le podium des primés pour votre inépuisable effort » disait-elle dans un message à Bush en 2008 à l’issue d’une réunion de la dissidence à La Havane, comme le rapporte une dépêche publiée par Wikileaks.


Quant aux requêtes du soutien des États-Unis, elles se résument surtout à son aspect financier. « ...nous avons besoin de "recursos" [ressources et moyens financiers, NdR]» ajoutait-elle, « et malgré tout le soutien économique que nous a donné votre pays, l'opposition n'y a pas accès de manière totalement positive. Comment pourrions-nous sortir dans la rue un million de personnes, si nous sommes incapables de nous réunir à plus de 20 par manque de ressources ? »

Au vu de cette proximité, pas étonnant que quelques heures à peine après l’annonce du début de son action, deux fonctionnaires de la SINA se soient rendus à son domicile pour la « soutenir ». Un soutien de poids.

Reçu datant de 2010 sur lequel on voit que M.B. Roque perçoit depuis plusieurs années de l'argent des "Dames en blanc", organisation dissidente qui n'a jamais caché son financement par les États-Unis (DR)


Sébastien MADAU

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