mercredi 12 septembre 2012

La médecine publique aux accents internationalistes



L'école latino-américaine de médecine (ELAM) a été créée
après le désastreux passage de l'ouragan Mitch

Depuis plusieurs mois, les réformes économiques et sociales se multiplient à Cuba. Si plusieurs secteurs d'activité connaissent des bouleversements, la santé publique -un pilier de la révolution- demeure une priorité pour l'État cubain qui, au-delà de former des médecins originaires de l'île, propose aussi des formations à des étudiants venus de nombreux pays du tiers-monde.
Preuve de cet engagement : lors de la promotion 2012, Cuba a dépassé son précédent record de médecins diplômés: 11.009, dont la majorité d'étrangers.

Un médecin pour 148 habitants, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) : Cuba est le pays au monde le mieux pourvu dans ce secteur.
Avec plus de 11.000 diplômés en médecine - dont la moitié d'étrangers -, Cuba a enregistré en 2012 la plus importante promotion de nouveaux médecins de son histoire. Les chiffres ont été annoncés par le ministère cubain de la Santé.
Des 11.009 étudiants qui ont reçu cet été leur diplôme, "5.315 sont Cubains et 5.694 proviennent de 59 pays étrangers" (Amérique latine, Asie et Afrique).
Ces chiffres constituent "la plus importante promotion médicale de toute l'histoire" de Cuba et "une preuve éloquente de la solidarité internationaliste", souligne Granma, quotidien du Parti communiste de Cuba.
La grande majorité des nouveaux diplômés étrangers sont d'Amérique latine, avec "plus de 2.400" originaires de Bolivie, 453 du Pérou, 429 du Nicaragua, 308 d'Équateur, 175 de Colombie et 170 du Guatemala, selon le ministère.

Une école latino-américaine

Outre les facultés de médecine existant dans 13 des 15 provinces, l'enseignement est dispensé pour les étrangers à l'École latino-américaine de Médecine (Elam) de La Havane. Les étudiants étrangers de pays du tiers-monde -ainsi que quelques américains issus des quartiers populaires- intéressés par le cursus de l'Elam déposent leur candidature en se rapprochant des ambassades cubaines. Même si la règle n'est pas officiellement instituée, la plupart des diplômés étrangers retournent pratiquer la médecine dans leur pays d'origine. Des pays où souvent Cuba possède des brigades médicales dites « internationalistes ». Si dans des situations d'urgence, l'État cubain met à disposition d'autres pays ses médecins, la politique menée entend surtout se baser sur la formation des étudiants étrangers pour qu’ils pratiquent eux-mêmes ensuite dans leur pays.
Cuba confirme ainsi la priorité donnée à la médecine publique sur son territoire. Les réformes économiques de ces 2 dernières années ont ouvert certains secteurs d'activité au marché de l'offre et de la demande (logement, transports, commerce...). Une centaine de professions sont concernées, mais pas la médecine, ni l'éducation qui sont les deux piliers de la Révolution. 

Une mobilisation constante

Si le pays est bien pourvu en médecin, la situation géographique de l'île et le climat appellent de manière constante la plus grande vigilance. Au début de l'été 2012, quelques cas de choléra ont été annoncés publiquement par les autorités sanitaires alors que la maladie avait disparu de l'île depuis la fin du 19e siècle. La situation est toujours restée sous contrôle, même si l'exil cubain basé à Miami a cherché -en vain- de profiter de la situation en tentant de dissuader les touristes de se rendre sur l'île ; le tourisme étant la principale ressource économique du pays depuis 15 ans. La situation est désormais réglée a annoncé depuis le ministère de Santé publique.
Autre sujet qui met la communauté sanitaire sur le qui-vive: la dengue. Des séances de fumigations sont régulièrement réalisées dans les foyers. Une véritable chasse aux moustiques et aux eaux stagnantes est menée.

SEBASTIEN MADAU

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