mardi 2 octobre 2012

Les Cinq, victimes de l’arbitraire de l’inquisition de Miami


Texte de Obey Ament, responsable Amérique latine des Relations internationales au PCF, sur le cas des 5.


Les cas des Cinq cubains emprisonnés aux états-Unis depuis 1998, accusés d’espionnage, est l’illustration d’une certaine conception de la justice dans un pays qui se revendique comme le bastion de la liberté et le défenseur de l’humanité toute entière. Avant même la mise en application de la loi Patriot Act, qui fait de tout citoyen un suspect de terrorisme sans droits et susceptible de souffrir les pires sévices, ces cinq Cubains ont été les victimes d’un procès digne de l’inquisition ; leur sort était décidé d’avance : ils devaient être punis et exposés comme des menaces venues tout droit de l’enfer.
Les Cinq n’ont jamais caché qu’ils surveillaient les agissements des groupes d’extrême droite établis à Miami, qui organisaient des attentas à la bombe dans des hôtels de La Havane en 1997, mais leurs activités n’ont jamais menacé la sécurité des états-Unis. Luis Posada Carriles, personnage lié à la CIA et organisateur en 1976 d’un attentat à la bombe contre un avion de la compagnie Cubana qui a tué 73 personnes, a officiellement confessé aux médias étasuniens sa participation à l’organisation des attentats de 1997. Malgré ces aveux, il vit dans l’impunité aux états-Unis. On a accusé Gerardo Hernandez, l’un des Cinq, d’être responsable de l’attaque, par l’aviation cubaine, contre des avions de l’organisation Brothers to the rescue qui avaient violé l’espace aérien cubain à plusieurs reprises pour jeter des tracts contre-révolutionnaires. Aucune preuve n’a jamais été fournie par la justice étasunienne, mais on sait que José Basulto, fondateur de cette organisation anti-castriste, est un ancien de la Contra qui a combattu, les armes à la main,le gouvernement sandiniste et qui s’entraînait au lancement de bombes artisanales. Il a reçu gracieusement de la part de l’US Air Force les avions utilisés pour les incursions sur le territoire cubain.
Les Cinq, accusés d’espionnage et de meurtre, ont été soumis à un procès politique. Amnesty International, pourtant pas toujours très complaisante vis-à-vis du gouvernement cubain, a émis des « doutes sérieux quant à la justice et l’impartialité » dans ce procès. Les conditions de détention – ils ont été confinés et mis au secret dès leur arrestation –, le fait que leurs avocats ont eu beaucoup de difficultés à rencontrer leurs clients et avoir accès aux preuves considérées par les autorités comme « secrètes », le fait que le procès a eu lieu dans un milieu hostile, c’est-à-dire à Miami – fief de l’extrême droite cubaine –, le harcèlement constant contre les jurés et témoins par les médias… tous ces éléments font de ce procès une caricature, à laquelle il faut ajouter une campagne orchestrée par des journalistes payés par le gouvernement des états-Unis, comme cela été prouvé en 2006. Ce dernier fait n’a pas suffit pour que le Procureur accepte l’appel interjeté par les avocats de la défense.
Le Groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires considère que les circonstances qui ont marqué le procès constituent des faits « d’une gravité telle qui donnent à la privation de liberté de ces personnes un caractère arbitraire ». La cruauté est poussée au maximum avec le refus de visas pour les familles des Cinq, qui n’ont pas vu les leurs depuis presque 15 ans. La cruauté est poussée à l’extrême lorsque l’une des épouses a réussi à obtenir un visa mais est retenue à l’aéroport de Houston jusqu’à l’expiration du document…
Le jugement des Cinq et les lourdes peines auxquelles ils ont été condamnés doivent être déclarés nuls parce qu’ils sont illégaux. Mais surtout, il est temps que les Etats-Unis abandonnent leur politique anachronique et acceptent le dialogue avec le gouvernement cubain qui lui a tendu la main à plusieurs reprises. La libération des Cinq doit être un geste politique qui montre la volonté de Washington d’accepter des relations de respect entre deux pays souverains, ce qui demanderait l’acceptation par Washington du choix d’indépendance fait par le peuple cubain il y a déjà plus de 50 ans.
Cuba change. Sa révolution emprunte des voies nouvelles sans se renier. Washington continuera-t-il à se prendre pour les Torquemada en plein XXIe siècle ?

Obey Ament
Responsable Amérique latine
des Relations internationales
PCF

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire